Retour sur Brundtland. Un article pour fêter le 400ème de la revue S!lence

15/04/12

Il fallait bien fêter le 400ème numéro de S!lence ! Plus de trente ans d’écologie, ponctués par une bonne idée de la rédaction : revenir sur les 600 dates qui ont marqué l’histoire de ce mouvement. Le numéro 400 est également publié en « beau livre » aux éditions Le passager Clandestin. Plusieurs centaines de brèves et une quarantaine d’articles ponctuent le livre, dont un article sur le rapport Brundtland, rédigé par Aurélien Boutaud. Quelques extraits publiés ici…


L’occasion de fêter le 400ème numéro de S!lence ! Une bonne idée de la rédaction : revenir sur les 600 dates qui ont marqué l’histoire de l’écologie. Un numéro 400 qui sera également publié en « beau livre » aux éditions Le passager Clandestin. Plusieurs centaines de brèves et une quarantaine d’articles ponctuent le livre, dont un article sur le rapport Brundtland, rédigé par Aurélien Boutaud. Extraits…

« Le développement durable n’a pas surgi de nulle part. Il est le fruit d’un rapport de force entamé dans les années 1970 entre les mouvements écologistes et les tenants du modèle productiviste. Et c’est au début des années 1980 que, tiraillées entre les deux tendances, les Nations Unies décidèrent de créer une commission chargée d’explorer cette épineuse question : comment étendre le niveau de vie des pays les plus riches à l’ensemble de la planète sans pour autant détruire notre environnement ?

Présidée par la norvégienne Gro Harlem Brundtland, la commission mondiale sur l’environnement et le développement va alors engager un long travail d’écoute et de négociation. Un effort dont la synthèse prendra la forme d’un rapport au titre évocateur : Notre avenir à tous. Emanant des Nations Unies, et s’évertuant sans cesse à ménager la chèvre (du développement) et le chou (de l’écologie), le Rapport Brundtland n’a évidemment rien d’un brûlot. Il aboutit sans surprise à la formulation d’un concept tiède : le développement durable. C’est à dire « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

(…) A la suite de Rio, le terme va ainsi connaître un succès retentissant. ONG, Etats, administrations, collectivités locales, chercheurs, multinationales, chacun va alors s’empresser de légitimer son action en l’inscrivant dans une perspective de développement durable. Mais il va sans dire que le consensus n’est qu’apparent. Car c’est en réalité une véritable guerre d’appropriation du terme qui va s’engager.

Car tout le monde n’est pas d’accord sur les priorités du développement durable, et encore moins sur ce qu’il s’agit de léguer aux générations futures. Deux camps s’opposent.

D’un côté, les tenants de la durabilité dite « faible » soutiennent mordicus que la croissance économique est la clé de voûte du développement durable. Quant aux ressources naturelles que nous dilapidons afin d’alimenter cette croissance, (…) nous léguerons aux générations futures du capital artificiel (de la technique !) en lieu et place de la nature dégradée ou dilapidée. Développement durable devient alors synonyme de croissance éternelle.

De l’autre côté, les tenants de la durabilité « forte » pensent exactement le contraire. (…) ils prônent une sortie du productivisme. Une partie d’entre eux, rejetant le terme de développement, iront même jusqu’à proposer au début des années 2000 un concept qui prend le contre-pied du développement durable : la décroissance soutenable. »

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