Observer, décrire ou mesurer les composants de notre environnement : la tendance se diffuse peu à peu. Après la biodiversité, ce sont à présent la qualité de l’air ou les nuisances sonores qui semblent devoir faire l’objet d’une forme d’observation citoyenne. Tendance de fond ou simple effet de mode ? C’est ce que nous avons essayé de comprendre dans cette étude réalisée avec Nova7 pour le compte du Grand Lyon.
28/07/2014
Le monitoring environnemental participatif. Quelle réalité ? Quels enjeux ? Quel positionnement de la puissance publique ?
Une étude réalisée par Geoffroy Bing (Nova7), Aurélien Boutaud et Quentin Zaragori (Nova7) pour la prospective du Grand Lyon, Millénaire 3
Le Monitoring Environnemental Participatif désigne une grande variété de démarches qui ont pour particularité commune de faire intervenir des groupes de citoyens plus ou moins organisés et éclairés dans un processus collectif d’observation et de surveillance (monitoring) de l’environnement.
Cette dynamique se confond pour une part avec celle des sciences citoyennes qui existent de longue date et qui consistent à associer des citoyens à une action répétée d’observation et de collecte de données scientifiques pour enrichir une base de données et/ou conforter des résultats scientifiques.
Pour une autre partie d’entre elles, ces démarches se trouvent stimulées par les technologies numériques et cherchent, en dehors d’un programme de recherche scientifique, à faire des citoyens des capteurs de leur environnement (en particulier dans le champ des pollutions de l’eau, de l’air et sonore) et à se poser en complément des organismes officiels de mesure.
Force est de constater que ces initiatives portent en elles des facteurs de rupture dans la façon de conduire des projets scientifiques d’une part et dans la capacité des citoyens à s’emparer des questions environnementales soit pour changer leurs propres comportements, soit pour interpeller
les pouvoir publics.
Cependant, ces promesses ne doivent pas faire sous-estimer les facteurs de blocages, pour certains encore importants, qui confinent ces démarches à un stade encore souvent embryonnaire. Parmi ces blocages, figurent les difficultés à passer à l’échelle en atteignant vraiment le grand public, à produire des capteurs fiables et des protocoles de mesure robustes pour garantir la qualité des résultats, à entretenir, sur la durée, un réseau dense d’utilisateurs sur un territoire donné.
Pour l’heure, les collectivités locales ne sont pas ou très peu parties prenantes du Monitoring Environnemental Participatif. Certaines peuvent les considérer comme des démarches dont l’encadrement et l’initiative reviennent aux laboratoires de recherche (sciences citoyennes). Pour d’autres, elles ne peuvent prétendre sérieusement à éclairer la décision publique, faute de données fiables.
Il reste que ces démarches ne peuvent être balayées d’un revers de main par les acteurs publics car elles participent d’une vision positive et émancipatrice de la Ville Intelligente, qui place l’individu comme sujet et non comme objet en le rendant acteur des changements à opérer pour préserver la biodiversité et la qualité de l’environnement.
Aussi, la collectivité a tout intérêt à se poser en acteur bienveillant et facilitateur vis-à-vis de ce type de démarches car elles participent tout au moins à la sensibilisation du citoyen aux enjeux environnementaux, et dans certains cas elles peuvent constituer un substrat démocratique de nature à orienter les choix politiques.